Le Quercus cerris, plus connu sous l’appellation de Chêne chevelu, est un bel arbre de parc qui doit peut être son nom à son port très variable, voire légèrement anarchique, mais plus sûrement à l’ornementation hérissée et duveteuse qui recouvre la coupe basale dans laquelle repose chacun de ses longs glands. Qu’on le surnomme selon les régions Chêne lombard, Chêne de Bourgogne ou encore Doucier, il s’agit d’une espèce de croissance rapide qui s’adapte bien aux sols à tendance calcaire. Le dernier atout de ce chêne insolite est son feuillage presque marcescent, qui, même sec, reste longtemps accroché aux rameaux.
Le chêne chevelu appartient à la famille des fagacées. Il est originaire du sud-est de l’Europe, et répandu depuis la péninsule des Balkans jusqu’à la rive occidentale de la Mer Noire et jusqu’en Europe centrale. Il s’agit d’une essence de climat tempéré chaud, qui apprécie les terres calcaires mais redoute les sécheresses prolongées.
Cet arbre, de croissance rapide, atteint en moyenne 20m de hauteur pour 10-12m d’envergure, mais montre un port très variable, plus ou moins étalé, irrégulier. Ce chêne développe une couronne de forme largement conique qui s’arrondit au fil du temps. Il n’est pas rare que sa branche charpentière principale s’élève et se prolonge jusqu’à la cime, prenant le relais du tronc en se ramifiant en branches robustes qui formeront la couronne. Le tronc est couvert par une écorce rugueuse et cannelée, morcelée en longues plaques. Les jeunes rameaux sont couverts d’un duvet grisâtre et feutré. Au printemps apparaissent des bourgeons duveteux et munis de fausses feuilles d’aspect mousseux. Ils se déploient en feuilles coriaces et rugueuses, d’un vert foncé, de forme variable, présentant 4 à 9 paires de lobes, plus ou moins profonds. L’automne venu, le feuillage vire au brun jaune, il reste longtemps accroché aux rameaux avant de tomber. La floraison du mois de mai, de couleur jaune, est assez discrète. Ce chêne se reconnaît à l’aspect curieux de ses fruits : la majorité des glands sont englobés dans une cupule hémisphérique densément recouverte de longues écailles frisottées, recourbées vers l’arrière, et recouvertes d’un feutrage gris. Les gros glands, allongés, mesurent 2,5 à 4 cm de long et 2 cm de large. Ils sont solitaires ou bien groupés par 2 à 4, de couleur orange à la base, et brun-vert à leur extrémité.Cette espèce est assez sensible au gel, qui peut faire craqueler son écorce, mais son feuillage est insensible au mildiou. Le système racinaire de ce chêne est profond et puissant, de type pivotant, assurant ainsi une accroche solide et durable dans les sols profonds qu’il apprécie.
Le chêne chevelu est une essence tolérante qui s’adapte à la plupart de nos régions, pour peu qu’on l’installe dans un sol suffisamment profond et pas trop sec. Résistant au froid, feuillé jusque tard en saison, supportant parfaitement la taille, il protège du vent, y compris dans les jardins de bord de mer qu’il apprécie. On le plantera de façon isolée ou en alignement, en bosquet, ou encore dans une grande haie en compagnie du chêne vert Quercus ilex, du Laurier du Portugal Prunus lusitanica ou de grands Photinias. Prévoyez de l’espace pour ce chêne aux dimensions généreuses.
Les forêts de chênes mêlés aux hêtres tendent à occuper tous les milieux des régions tempérées lorsque l’homme n’intervient pas. On parle de climax qui désigne un état d’équilibre entre le sol et la végétation. Ainsi une clairière, une zone incendiée tend à devenir une forêt de chênes après différentes étapes de recolonisation du milieu. Le chêne possède une aura qui peut-être vient de cet état de fait mais aussi de sa longévité légendaire, de sa prestance. Il symbolise la force, la sagesse, la majesté, la durée, faisait l’objet de cultes païens, Saint Louis rendait la justice sous un chêne séculaire…
Les glands, fruits du chêne
Le genre Quercus, qui est le nom scientifique du chêne, comprend plus de 400 espèces qui comme le hêtre et le châtaignier appartiennent à la famille des Fagacées. Il s’agit d’arbres ou d’arbustes très polymorphes à feuilles caduques ou persistantes, de formes et dimensions très variables. Le chêne kermès (Quercus coccifera) de 1 m environ présente des feuilles piquantes et coriaces de moins de 1 cm de long tandis que Q. dentata livre des feuilles lobées dépassant parfois 30 cm de longueur.
Le chêne, si fréquent dans nos forêts, est finalement assez peu employé dans les aménagements de parcs et jardins compte tenu de l’extraordinaire diversité qui existe au sein du genre. Leur grande taille peu adaptée aux jardins urbains, leur croissance relativement lente, leur floraison discrète et surtout la méconnaissance de leur diversité participent sans doute au peu d’intérêt qu’on leur accorde. Les glands des chênes constituaient l’alimentation de base de nombreuses peuplades qui vivaient essentiellement de cueillette aussi bien en Europe qu’en Amérique et même en France lors des périodes de disette. Le « racahout des arabes » est une poudre pour enfants commercialisée en France jusqu’au début du XXe siècle.

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