Le Tilia platyphyllos ‘Rubra’ est une sélection du tilleul à grandes feuilles qui se distingue par des jeunes rameaux arborant une belle teinte rouge corail, particulièrement décorative en hiver. Comme tous les tilleuls, il offre une floraison parfumée et mellifère précieuse en apiculture mais aussi en phytothérapie. Ses grandes feuilles en coeur qui virent au jaune en automne sont un atout supplémentaire, tout comme sa belle écorce grise qui se fissure en vieillissant. De croissance lente, il se contente d’un sol ordinaire restant frais.
Le Tilia platyphyllos appartient à la famille des tiliacées. Assez rare à l’état naturel, il est originaire d’Europe de l’Ouest et présent en France, en particulier dans les forêts d’altitude et les gorges à l’est de notre territoire. Cette essence est absente du Midi méditerranéen. Sa croissance est assez lente et sa taille adulte pourra atteindre 35 m en hauteur et 22 m en largeur dans de bonnes conditions. En culture, il culmine souvent à 15 m de hauteur pour une envergure de 10-12 m. Ce tilleul peut vivre jusqu’à 1000 ans. Egalement appelé tilleul de Hollande, c’est un arbre caduc majestueux, souvent planté comme arbre d’ombrage dans les parcs ou en alignement le long des avenues.
Le cultivar ‘Rubra’ arbore quand il est jeune un port plutôt pyramidal, puis il s’élargit pour former un houppier en dôme large, plus mince vers la cime, surmontant un tronc souvent massif. Les jeunes rameaux sont luisants, colorés de rouge-orangé à rouge corail vif, glabres ou légèrement duveteux, ponctués de lenticelles claires allongées. Ils prennent une teinte plus grise avec le temps. Les feuilles sont entières, alternes, longues de de 8 à 15 cm, en forme de cœur à la base, et bordées de petites dents. De couleur rougeâtre au débourrement, pubescentes, elles prennent en été une teinte vert vif sur le dessus, montrant un revers feutré et des poils jaunâtres à l’angle des nervures. En automne, elles virent au jaune d’or. La floraison est précoce pour un tilleul, elle a lieu en début d’été, généralement en juin. Les petites fleurs sont de couleur jaune pâle à étamines vert tilleul, elles sont rassemblées en corymbes pendantes, par 2 à 5, et rattachées par un long pétiole aux rameaux. Remarquablement odorantes, très riches en nectar, elles font le bonheur des abeilles et des amateurs de tisanes. Elles sont suivies par de petits fruits globuleux à 5 côtes saillantes attachés à une aile que l’on nomme samare, de coloris vert puis gris.
Le Tilleul de Hollande ‘Rubra’ sera planté pour la postérité, dans un jardin suffisamment vaste pour l’accueillir. Il pourra être installé en isolé comme arbre d’ombrage ou en alignement le long d’une très grande allée. Si vous disposez d’assez de place, placez deux sujets à l’entrée du jardin pour encadrer un beau portail. Vous pourrez l’associer avec d’autres arbres ou arbustes comme la Parrotie de Perse ou le x Sycoparrotia, similaire mais au feuillage semi-persistant, l’arbre à Caramel, le fusain ailé (Euonymus alatus), dans lesquels vous laisserez grimper une vigne-vierge pour créer un bosquet éclatant de septembre à novembre. Ses fleurs sont une source de nectar importante, précieuse pour ceux qui élèvent des abeilles. Un néflier du Japon, fleurissant en octobre-novembre dans un parfum d’amande amère, un robinier ainsi que l’Arbre à miel (Tetradium danielli), en fleurs de juin à août, pourront aussi jouer ce rôle nourricier si vous accueillez une ruche dans votre jardin.
Un arbre de légende:
En Gaule, le tilleul était l’arbre que l’on plantait traditionnellement au centre du village. En Allemagne, c’est en dessous d’un tilleul que les peuples germains se rassemblaient pour rendre la justice. Son utilisation en tisane est encore aujourd’hui très fréquente en France et jadis on l’appelait « L’arbre sorcier », en raison de ses propriétés médicinales attribuées à de puissants esprits logés dans son écorce. Aux îles Canaries pousse un tilleul vénérable que les autochtones appellent » l’arbre qui pleure ». On raconte que les années où sévit la sécheresse, il sécrète de l’eau fraîche en quantité suffisante pour abreuver tous les animaux de l’île.
Rare était les jardins et parcs d’antan à ne pas accueillir un beau et grand tilleul. Cet arbre, depuis des temps immémoriaux, était synonyme de petit coin repos à l’ombre. Et pratiquement chaque petit village peut se targuer d’avoir son vieux tilleul qui trône fièrement au centre de la place.
Mais il fût aussi beaucoup planté en alignement dans les villes grâce à sa croissance relativement rapide, sa capacité à subir les tailles les plus folles et sa résistance à la sécheresse et aux pollutions atmosphériques.
Le tilleul un bel un arbre qui apprécie d’être seul, en isolé, déployant alors sa ramure et nous abreuvant de son ombre bienfaitrice en plein cœur des fortes chaleurs estivales. Arbre de soleil avant tout, il n’est guère regardant sur le sol, pourvu qu’il ne soit pas trop sec ou trop acide.
Son feuillage est frais et devient superbement jaune en automne. Certaines espèces comme le Tilleul de Henry, un asiatique moins encombrant que les autres tilleuls, est aussi remarquable au débourrement des jeunes feuilles qui sont alors de couleur rousse.
Le tilleul est aussi un arbre mellifère qui attire et nourrit bon nombre d’abeilles et de bourdons. Bien qu’insignifiante à la vue, les fleurs du début d’été ne passent pas inaperçues car elles embaument littéralement tout le jardin et les alentours.
Bien entendu qui dit « tilleul », dit aussi tisane et pharmacopée. C’est en effet avec la fleur que l’ont peut réaliser des tisanes calmantes. Mais le tilleul possède bien d’autres vertus médicinales connues depuis longtemps.
C’est pour toutes ses raisons qu’il est grand temps de lui refaire une petite place dans nos jardins pour peu que l’on ait suffisamment de place pour accueillir ce gros pépère.

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